Je pourrais vous dire que ce jeu est le digne héritier de Half Life, Bioshock ou encore du premier Deus Ex mais je perdrais mon temps, n’ayant pas fait ces jeux (et je le vis très bien d’ailleurs, merci de vous en inquiéter). Ce jeu ? Je veux bien sûr parler de Prey, le dernier né des Studios Arkane (celui d’Austin pour être exact, la branche française étant plus « déshonorée »). Sorti depuis le 5 mai 2017 sur PlayStation 4, Xbox One et PC, le jeu édité par Bethesda, qu’on ne présente plus, vous emmène par delà notre jolie planète sur une station spatiale du nom de Talos I. Après avoir saigné le jeu durant ce mois et demi écoulé, je prends enfin le temps de vous donner mon avis. Let’s roll !
Talos I, le géant métallique
Je ne vous refais pas l’introduction du jeu (que j’ai eu le plaisir d’écrire juste ici) et je rentre directement dans le vif du sujet. Après avoir choisi le sexe de votre héros, choix n’ayant aucun impact scénaristique sur le déroulement de l’aventure, et pris la fuite de votre appartement factice, vous vous rendez compte, bien malgré vous, que vous êtes dans l’espace. Plus précisément sur Talos I, une ancienne station spatiale russe passée sous pavillon américain depuis (le lore ingame vous apportera plus de précisions que moi à ce niveau). Malheureusement pour vous, la station paraît vide aux premiers abords puis arrivent les premiers cadavres ça et là. Bien sûr, Morgan Yu, le personnage que vous incarnez, n’a aucune idée de ce qui a pu se passer. En même temps, on la prenait pour un jambon depuis sans doute de longs mois.
Vous l’aurez remarqué, je parle de Morgan Yu au féminin, j’ai choisi une femme pour vivre cette expérience.
Les seules choses que nous savons alors à ce moment du jeu sont les suivantes : On nous a fait faire des tests, pour soi-disant nous préparer à la vie spatiale (ce qui n’est bien sûr pas le cas), test qui ont mal tourné à cause d’une « invasion ». On nous a manipulé pendant de longs mois à bord de Talos I, sans doute à l’insu de notre plein gré et une voix, qui nous paraît familière (normal c’est celle de Morgan) nous contacte via notre Transcribe (appareil de communication et d’enregistrement dans le monde de Prey) pour nous expliquer tout cela et nous somme de nous diriger vers notre bureau pour en savoir plus. Bien sûr, une fois sur place, et après avoir visionné une partie d’une vidéo censée nous éclairer sur la situation, vidéo de Morgan Yu se parlant à elle-même, pour nous servir le classique « si tu me regardes, c’est que c’est le bordel sur Talos I », notre frère, Alex Yu, nous contacte pour nous dire qu’il a bloqué la vidéo car on ne doit pas savoir ce qui se passe, trop dangereux selon lui. C’est l’heure pour notre héroïne de remettre de l’ordre dans la station et de trouver un moyen de voir la fin de cet enregistrement.
La Proie et l’Ombre
Oui, la station n’est pas totalement vide/morte. Il reste ça et là quelques humains encore vivants (dont votre frère Alex) mais ils ne présentent en rien une menace (quoique). La menace est ici personnifiée par les Typhons (prononcés typhoons en vf comme en vo), entité extraterrestre ressemblant à une ombre en trois dimensions pouvant avoir plusieurs formes.
Les premiers que vous croiserez lors de votre périple à bord de Talos I sont les mimics, une sorte de typhon semblable à une grosse araignée pouvant prendre l’apparence de n’importe quel objet inanimé. Ce sont de loin les mobs les plus anxiogènes du jeu. Vous vous retrouvez alors vite à taper sur tous les objets, pour éviter les « jump scare » et autres mauvaises surprises. Heureusement ils ne sont pas très résistants… Malheureusement il existe d’autres typhons plus agressifs et dangereux comme les fantômes. Ceux-ci ont une forme humanoïde et plusieurs pouvoirs selon ceux rencontrés. Certains enverront des boules d’énergie, d’autres des colonnes de flamme et je vous laisse découvrir par vous même les derniers pouvoirs fantômes, ça sera nettement plus drôles.
On a aussi droit aux technopathes, typhons à même de contrôler les machines et de les retourner contre vous (tourelles, opérateurs). Une horreur. Les télépathes, vous l’aurez compris, contrôlent les derniers humains en vie. Ces derniers, une fois qu’ils vous auront repéré, viendront à votre rencontre, tout en vous disant de fuir car, une fois à proximité, leur tête explose… Pas cool pour eux, pas cool pour vous, surtout si vous faites la chasse aux trophées (à savoir, que si un humain meurt à cause d’un télépathes, ils ne comptera pas comme un humain tué par vos mains… Et bien sûr il ne comptera pas comme un humain sauvé, même s’il est vrai que la mort est une libération, mais je m’égare). Il reste encore des tas d’autres bestioles à décrire mais je vous laisse le soin de le découvrir par vous même.
Bien sûr, pour vous défendre face à cette menace extraterrestre, vous ne serez pas obligé d’en venir au main. Un arsenal correct est mis à votre disposition tout au long du jeu, tel que le fusil à pompe ou le pistolet silencieux pour les armes plus conventionnelles mais aussi le canon à glue qui, comme son nom l’indique, enverra de la glue sur les ennemis touchés afin de les entraver, ainsi, vous pourrez taper en toute tranquillité sur vos assaillants avec la première arme du jeu, l’efficace clé à griffe qui rappellera furieusement le pied de biche de Gordon Freeman : je n’ai pas joué à Half-Life mais il faut croire que j’ai de solides connaissances. Vous aurez aussi accès à des armes plus futuristes, comme le canon à rayonnement q qui fera exploser les typhons une fois le reste de leur jauge de vie complètement dans le vert ou encore le pistolet disjoncteur étourdissant, ultra efficace sur les machines, les technopathes… Et les humains contrôlés par les typhons, si vous choisissez de leur sauver la vie.
Ce n’est pas fini ! Comme tout bon jeu Arkane qui se respecte, vous aurez aussi accès à des pouvoirs, ici ceux des typhons. Vous pourrez alors vous transformer en objet pour vous faufiler à travers des interstices, lancer des boules d’énergie comme les fantômes, et utiliser bien d’autres pouvoirs… à condition de les apprendre grâce aux scans des typhons (via le psychoscope, casque inventé par vous-même, Morgan Yu, pour étudier ces extraterrestres). Plus vous en scannerez, plus vous aurez de pouvoirs disponibles, que vous pourrez ensuite activer dans votre arbre de compétences… Si vous n’avez pas peur de vous crever l’oeil avec les neuromods.
Enfin, si tout cela ne vous suffit pas, vous pourrez aussi vous défendre avec des objets de lancer, comme les charges IEM (qu’on ne présente plus), les emetteurs à ondes zéro (qui entravent pour quelques secondes les pouvoirs des typhons… et les vôtre si vous êtes trop près de la zone d’effet), les leurres à typhons (vous avez compris) on encore les charges recyclantes. Ce dernier objet est extrêmement intéressant car, en plus d’infliger des dégâts à tous les ennemis alentour, il les recyclera en matière première (nous verrons ça par la suite). Bien sûr, s’il y a des cadavres ou des objets autour, ils subiront le même sort. C’est tout simplement génial de voir rebondir tous ces collectibles une fois l’effet recyclant passé.
J’oubliais. L’environnement est aussi votre ennemi, et le moindre choc électrique au mauvais moment ou les brûlures pourront vous être fatals. Il vous faudra alors utiliser le canon à glue qui a la particularité de contenir les arcs électriques quelques secondes (le temps de réparer l’objet en émettant ou de passer votre chemin) et qui colmatera aussi les fuites de gaz et éteindra les flaques d’huile enflammées. Ouf !
Alors ? Qui est la proie maintenant ?
Buy it, use it, break it, fix it, trash it, change it, mail, upgrade it.
Technologic (x4). On est en 2032, c’est le futur ! Et qui dit futur, dit technologie de pointe ! Tout au long de votre avancée, vous croiserez deux machines étranges, l’une allant rarement sans l’autre : le recycleur et le fabricateur.
Le recycleur vous permettra de vous débarrasser de tous les objets dont vous ne servez pas, ou qui n’ont pas d’autres utilités (peau de banane, boite de pétri, disque dur HS) et de les transformer en matières organiques, exotiques, etc. Vous pourrez alors utiliser celle-ci dans les fabricateurs.
Les fabricateurs vous permettront de fabriquer quasiment tous les objets du jeu, si tant est que vous trouvez le plan de fabrication correspondant à l’aide des matières premières ramassées et/ou recyclées. Bien sûr, chaque objet à un coût qui vous sera précisé sur l’écran de la machine. Vous pourrez ainsi créer armes, objets de soins, munitions et autres neuromods utiles dans votre progression. Vous n’avez pas fini de faire les poubelles et de remplir votre inventaire de mille et un objet.
Il y a aussi les synthécubes qui eux, ne servent à rien du tout… Même le personnel de Talos I ne connaît pas son utilité.
Une fois de plus, comme ces glorieux prédécesseurs, Deus Ex en premier, il existe des tas d’objets à inspecter dans Prey : Les PC et leurs mails intéressants (pour leur lore comme pour leurs informations capitales à la bonne réussite de votre aventure) et les coffres et les salles ayant besoin de codes pour pouvoir être ouverts… Dans le cas où vous ne vous transformez pas en tasse pour passer par un autre chemin. Il vous faudra donc soit trouver les informations via divers post-it et autres cachettes, soit utiliser des pouvoirs ou tout simplement les pirater, si vous avez débloquer la capacité humaine correspondante grâce aux neuromods via l’arbre de compétences. Il existe d’ailleurs bien d’autres capacités humaines, de la même manière que les capacités typhons, comme la possibilité de réparer le matériel de la station (panneaux électriques, certains fabricateurs/recycleurs, etc), d’augmenter l’espace de votre inventaire ou encore de ralentir le temps, parfait pour défoncer du typhon en toute tranquillité. À vous de choisir votre manière de jouer… Un peu comme dans Deus Ex donc.
Bloop !
Graphiquement on retrouve la patte Arkane dans tout le jeu, que ce soit le chara-design des personnages humains comme celui des typhons (qui me font beaucoup penser aux pouvoirs de l’Outsider). On n’aime ou on n’aime pas, mais rien de spécialement nouveau si on a l’habitude des jeux du studio.
La station Talos I et son mobilier sont tout simplement somptueux. Le rétrofuturisme utilisé ici est du plus bel effet et colle parfaitement avec le scénario uchronique de Prey (pour rappel, JFK n’a pas été assassiné dans cette réalité alternative). Entre les dorures, les statues imposantes aussi bien à l’intérieur comme à l’extérieur de la station ou encore les pièces en bois, tout est parfait pour l’immersion dans le jeu.
Pour ce qui est du son et des productions musicales, là aussi on a droit à un travail de grande classe. Comme l’excellente Everything to be ok du début du jeu qui fleure bon les années 80, on se croirait dans Miami Vice à l’écoute, la très électro Mind Game de Raphael Colantonio, ou encore la fabuleuse Semi-Sacred Geometry chantée par Mae Whitman (célèbre pour être la voix VO de la Fée Clochette). Pour le reste, les thèmes sont oppressants, à l’image du huis-clos imposé par le scénario et vous rendront méfiants à chaque fois qu’ils se déclencheront. On doit d’ailleurs tout cela à l’australien Mick Gordon qui a d’ailleurs dans sa discographie les musiques des jeux Doom (celui de 2016) et Wolfenstein : The Old Blood… « Le hasard » fait bien les choses visiblement. Le tout est donc du plus bel effet et rythmera parfaitement l’aventure de Morgan Yu, votre aventure !
Attrape Yu si tu peux !
Sans surprise, Prey est un excellent jeu ayant su puiser dans les meilleurs références du genre le tout saupoudré de la patte Arkane. C’est beau, ça tient en haleine tout du long, ça fait peur, ça procure un sentiment de puissance (selon la manière de jouer) et il y a même le fameux « je tue ou j’épargne ». Tout ce qu’il faut pour une production de qualité. Malheureusement le jeu n’est pas exempt de tout reproche (je ne vais pas vous ressortir l’échelle de Bethesda, les bugs étant minimes) : pour ce qui est des versions consoles, la visée reste assez compliqué, la faute à une absence d’aide à la visée justement, problème qu’on ne rencontrera pas sur PC si on joue avec une souris. Vraiment dommage. Les temps de chargement sont excessivement longs (ce n’est plus de l’impatience quand il faut compter plus d’une minute à chaque changement de zone). Il est vrai qu’ils ne sont pas handicapants au début vu que l’on passe énormément de temps à fouiller de fond en comble les zones parcourues, mais une fois proche de la fin, ces chargements deviennent vite une perte de temps conséquente (j’ai personnellement mis ce temps à profit pour me faire un café). Enfin, certains pourront peut-être trouver la fin un peu bâclée, malheureusement (sachez que la véritable fin implique surtout que vous soyez compatissants)
Bref, ce reboot de Prey (on peut parler de reboot?) reste un excellent jeu, et serait sans doute mon GOTY 2017 si cette année n’avait pas été aussi chargé en production de qualité. J’attendrai avec impatience une éventuelle suite.
Les Plus :
– Le scénario
– Les pouvoirs Typhons
– La bande-son
– Le level design (oups j’en ai pas parlé)
– La patte Arkane
– Les reclycleurs/fabricateurs
Les Moins :
– Les temps de chargement à chaque changement de zones, terriblement longs
– La maniabilité lorsqu’il faut se battre
– La fin pour certains
Jouabilité : ★★★★☆ Rien à signaler. À part les quelques approximations lors des conflits, et les quelques sauts à faire, le reste est parfait.
Réalisation : ★★★★☆ C’est Arkane. Si vous n’aimez pas de base, vous n’avez rien à faire ici. Par contre si vous êtes amoureux de rétrofuturisme et d’art déco, vous serez servi.
Musique et Son : ★★★★☆ Deux chansons somptueuses qui restent en tête, d’autres thèmes qui vous donneront des sueurs froides. Une superbe bande-son signée Mick Gordon quoi.
Difficulté : ★★★★★ Le jeu est punitif, surtout en difficile comme en cauchemar, surtout si vous n’avez pas investi dans les bonnes améliorations… Ou que vous êtes un chasseur de trophée qui tente le jeu sans amélioration. Bienvenue dans le monde impitoyable d’Arkane Studios.
Durée de Vie : ★★★☆☆ Comptez moins de 10 heures en ligne droite, 15 si vous prenez votre temps. Cela dit le jeu possède une replay-value intéressante, comme pour les jeux Dishonored, je sais que vous êtes curieux de savoir comment le jeu fini si vous sauvez tout le monde et que vous ne mettez pas les plans de Morgan Yu à exécution.
Ce jeu a été testé grâce à un code de téléchargement fourni par l’éditeur.
Je remercie chaleureusement (c’est le cas de le dire, il fait 35° à l’ombre à l’heure où j’écris ses lignes) toute l’équipe de Minuit Douze (surtout Morgane, Marine et Marion) pour l’opportunité de tester ce jeu excellent, pour la découverte de cette univers ainsi que pour la soirée Prey & Cinéma dont je n’ai pas parlé sur le site, désolé.
Je vous laisse avec le premier épisode de mon playthrough du jeu, le reste est disponible sur Youtube (pour ma partie « pouvoirs humains ») et Twitch (pour ma partie « pouvoirs typhons »).
À la prochaine et PROCUREZ-VOUS PREY SI CE N’EST PAS DÉJÀ FAIT !
Galerie
Yeeees ! J’avais pas vu que tu avais sorti l’article sur Prey !
Super cool à lire (comme d’habitude), j’ai d’ailleurs en ce moment la musique « Semi Sacred Geometry » dans la tête. Méga cool tes screens qui illustre bien le jeu !
OMG si y’a une suite je serai comme une fooooolle !
Et moi j’avais vu ton commentaire mais pas pris le temps d’y répondre. Merci pour les compliments sis. ça me touche!