Malmené par la critique et les joueurs, à juste titre, pour un Forza 5 indigne de son standing et menacé par les nouveaux titres comme Project Cars qui projettent de prendre sa place au firmament des simulations automobiles, Turn 10 était attendu au tournant. Là où l’opus précédent était clairement développé pour la XBox 360 et sorti un peu rapidement pour combler le line-up de la Xbox One, Forza Motorsport 6 s’est fait attendre pour être choyé et bichonné afin d’offrir à la série un jeu à la hauteur des attentes et des capacités du studio. Si suspens il y avait, autant le tuer tout de suite: Forza 6 reprend sa couronne et donne une leçon à ses prétendants.
Bolide toutes options
Pour nous jeter directement dans le bain, on est invité à une première course au volant de la prochaine Ford GT dans les rues de Rio qui nous offrent un beau panel de ce que seront les circuits et qui réussi d’emblée ce pour quoi elle a été prévue: nous en mettre plein les mirettes et plein les mains. La beauté et la fluidité à toute épreuve de Forza 6 est impressionnante, les véhicules magnifiquement modélisés et les décors très travaillés ne sont égalées que par ces premières sensations grisantes – assistées par quelques aides au pilotage, histoire de commencer en douceur et de prendre le temps d’apprécier la rencontre. On est toutefois assez loin de la simulation et on se demande à l’issue de la course si la branche Motorsport ne s’est pas trop inspirée de sa frangine Horizon pour devenir plus accessible, ce qui serait criminel tant les 2 sont complémentaires. En réalité, Turn 10 a concocté un système de réglages encore plus fin, permettant aux débutants de la jouer sans trop se préoccuper du freinage et de la concurrence et aux joueurs plus affirmés de désactiver toutes les aides à la conduite pour se rapprocher autant que possible des conditions réelles. Bien que je ne sois pas particulièrement fan du nivellement par le bas (Forza 6 est une simulation, et accessibilité ne veut pas forcément dire assistance totale) force est de constater que les créateurs ont voulu contenter tous les publics potentiels avec ces options, et que même un joueur moyen – comme votre serviteur – s’empressera de désactiver le tout pour tirer une certaine satisfaction à gagner des courses sans que le jeu freine pour vous à l’amorce des virages.
Pour se rattraper d’un contenu assez pauvre à la sortie de Forza 5, le nombre de véhicules et de circuits est redevenu très conséquent, avec 16 circuits qui proposent chacun plusieurs pistes et plus de 450 véhicules au lancement (qui seront complétés par des DLC gratuits et payants, comme pour Forza Horizon 2 par exemple). Cette orgie de voiture n’est pas là que pour assurer le niveau comptable mais pour fournir une réelle diversité au joueur, qui pourra ainsi conduire des voitures allant des références actuelles aux plus belles mécaniques de l’histoire en passant par des modèles moins connus voire pas encore sortis. Le seul bémol concernant le contenu de base se situe au niveau des circuits, l’Amérique est très bien représentée alors qu’aucun circuit asiatique n’est présent, pas même un classique comme Suzuka. Cela ne nuit toutefois pas à l’expérience de jeu, chaque circuit ayant ses spécificités entre virages serrés après une montée, bosses dans les virages, le sable en bord de piste ou encore les grandes lignes droites se terminant en épingles. Petit plaisir perso à signaler: la présence des circuits du Mans et du Nürburgring.
.
Et le…? Oui, il l’a
Les épreuves sont elles aussi assez diversifiées pour éviter de bêtement enfiler les courses. Le mode carrière, bien pensé, propose pour commencer 5 catégories de courses allant des voitures de série classiques aux voitures de courses qu’on ne trouve qu’en circuit. Il faudra bien sûr progresser de catégorie en catégorie en remportant 3 championnats parmi les 6 disponibles pour chacune d’entre elle pour avoir ensuite le droit d’accéder à tous les championnats de toutes les catégories. Autant dire que de longues heures de route sont à prévoir, pensez au thermos de café et aux pépitos. Chose fort sympathique, Forza 6 a un petit côté pédagogique très appréciable : lors du démarrage d’une nouvelle catégorie ou d’un championnat, une voix off assurée par l’équipe de Top Gear (excusez du peu) nous fait un petit topo sur le type de courses ou de voitures. Au-delà de ces championnats, des épreuves de rassemblement se débloquent pour nous permettre de participer à des courses totalement différentes, comme des slaloms entre plots, des courses d’endurance (prévoyez de looooongues courses), des défis de dépassement ou encore des animations Top Gear (battre un avion, bowling avec une voiture, ce genre de choses). Forza 6 donne presque l’impression de vouloir en faire trop, comme pour se rattraper de l’épisode 5 décevant.
L’alternance des circuits sera complétée par des conditions météo différentes qui agissent réellement sur la conduite et les sensations du pilote que nous sommes. Selon l’heure de la journée, la piste sera plus ou moins fraîche, ce qui jouera sur l’adhérence, tandis qu’on ne verra que les quelques mètres de route devant nous pendant les courses de nuit. La pluie s’invite également et s’éclate à nous faire déraper et nous force à modifier nos trajectoires si difficilement apprises. De grosses flaques se forment et provoquent des aqua plannings, les vibreurs deviennent glissants, et la visibilité est réduite. On ne regrettera que l’absence d’une pluie fine ou de simples pistes détrempées, car ici elle ne tombe que sous une seule forme: drue et ininterrompue. Entre ces conditions et la configuration des voitures, les sensations au volant sont plus vraies que nature (sous réserve d’avoir désactivé certaines aides au pilotage bien sûr) et décuplées en vue intérieure. On s’agacera rapidement de cette Bugatti Veyron qui ne freine pas assez fort ou de cette Mazda RX-7 à qui il manque un peu de reprise, mais tout est imputé à nos erreurs de conduite et jamais à une erreur de reconstitution de la part du jeu.
.
.
Pour les mécaniciens en herbe, pour qui il est important de définir précisément la répartition du freinage et autres joyeusetés, les réglages fins des éléments mécaniques sont toujours de la partie. Pour le néophyte que je suis, c’est très abstrait et compliqué, mais un fana de course auto se régalera de pouvoir customiser au poil chacun de ses bolides. La customisation concerne aussi la carrosserie pour faire travailler vos talents de peintres – si vous n’en avez pas, des livrées complètes réalisées par d’autres fous sont proposées. De même, un magasin d’amélioration permet d’acheter toutes sortes de pièces, soit une par une pour les connaisseurs, soit de manière automatisée pour les autres. Le nombre d’éléments de gameplay personnalisables est encore une fois impressionnant, et tous influent sur la conduite (hormis la peinture, vous l’aurez compris par vous-même j’espère).
La Forza tranquille
Pour revenir sur l’aspect graphique de Forza 6, les screens éparpillés dans ce test donnent certes un aperçu rassurant, mais ne valent pas l’expérience en jeu. Tous les aspects semblent avoir été travaillés avec la même patience, le même travail méticuleux et la même ambition de servir le plus beau jeu possible. Les voitures sont bien modélisées, on l’a dit, les décors sont vivants, les jeux de lumière, les reflets sur les carrosseries, l’impression de vitesse, la pluie… Tout est réussi. On notera tout de même de l’aliasing, qui semble compliquer à atténuer et qui n’a pas été corrigé j’imagine pour permettre de conserver une fluidité totale, la résolution en 1080p et les 60 fps.
Du côté de l’IA, paramétrable également, c’est du bon boulot aussi. En mode de difficulté assez élevé avec l’option « Agressivité » activée, il ne sera pas rare de se faire couper la route ou de prendre des coups. Pendant qu’on bataille dans le peloton, le premier en profitera pour se faire la belle, et le rattraper sera alors quasi impossible. Bien sûr, c’est lorsque qu’on est proche d’enfin lui passer devant, quelques virages avant la fin de la course, qu’un pilote derrière viendra vous mettre un petit coup à l’arrière en plein virage… La fonction Rembobiner est sûrement celle que vous utiliserez le plus dans le jeu, pour éviter les coups de l’IA ou refaire ce virage très vilain et ne pas finir dans les pneus.
.
.
Gran Tursimo qui ?
Forza Motorsport 6 est le Forza que l’on attendait sur One. En plus de gommer les erreurs de jeunesse de son prédécesseur, il met la barre haute, très haute, tant en terme d’immersion que de contenu. Les pilotes du dimanche et les experts toutes catégories se retrouveront grâce aux réglages des aides et de la difficulté, et la diversité de l’ensemble promet des dizaines d’heures au volant virtuel (et si possible en vue intérieure, tant elle est réussie). On comprend mieux pourquoi Gran Turismo 7 n’a pas encore donné signe de vie, il y a fort à faire pour revenir au niveau de ce Forza 6 qui prend la pôle sans forcer et semble devoir la garder un certain temps sans trembler.
Ce test a été réalisé avec un code de téléchargement fourni par l’éditeur.