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[TEST] Gears of War Ultimate Edition

Il y a des remaster que l’on sent exclusivement opportunistes et qui sortent à peine 2 ans après l’oeuvre originale, et il y a les rééditions presque justifiées de classiques qui méritent vraiment une seconde vie. Gears of War Ultimate Edition appartient sans doute possible à cette seconde catégorie tant le jeu a marqué et influencé, voire redéfini, le third-person shooter. Marcus Fenix revient sur Xbox One avec son Lanzor et son escouade stéroïdée dans cette refonte du premier épisode de la série, avec la ferme intention de rappeler au monde qui est le patron dans la catégorie extermination.

Home sweet home
Home sweet home

Dès l’écran titre, le thème des Gears fait remonter sa floppée de souvenirs et l’excitation est à son paroxysme. La partie débute, je suis fébrile à l’idée de retrouver, enfin, mon cher Marcus pour redonner vie à l’une de mes séries préférées. Les vidéos d’annoncent étaient rassurantes et le travail effectué par The Coalition sur les graphismes est digne d’honneurs. En veillant à respecter l’identité visuelle caractéristique, entre ruines, poussière et désolation, l’upgrade graphique est excellent, le passage en 1080p est réussi et donne un écrin renouvelé à un titre qui fut l’une des attractions graphiques majeures de la Xbox 360. Certes, la qualité graphique d’un jeu n’est pas le révélateur principal de sa qualité (comme nous l’a prouvé The Order, très joli mais très nul), mais les nouvelles textures et détails ainsi que la fluidité des animations mettent  Gears of War Ultimate Edition sur la voie royale.

Les péchés du père

Que l’on ai joué et apprécié les premiers épisodes ou non, Gears of War est un monument. Rassurés sur les efforts fournis sur le côté esthétique, on réarme son Lanzor, mélange entre fusil d’assaut et tronçonneuse, on ouvre cette première lourde porte et on saute dans la mêlée pour défourailler de l’envahisseur venu des profondeurs de Sera. Le gameplay n’a pas pris une ride, alternance de couvertures, de changement de position, de rechargements rapides et de rafales dans les dents des locustes. Il ne faut que quelques secondes pour se réapproprier les mécaniques, à peine plus pour ceux qui découvriront la série à cette occasion, et retrouver de délicieuses sensations.

Jeu-couloir par excellence, ce qui pourrait rebuter à l’ère de l’open world et des concours de gigantisme et de liberté, Gears of War assume son parti pris dans l’unique but de proposer un jeu rythmé au sein duquel le joueur ne doit se concentrer que sur une chose: sa survie. Il n’est pas possible de se perdre, tous les chemins (le pluriel est ici de politesse) mènent à la fin du niveau et aux quelques boss à mitrailler, les attaques ne sont que frontales et brutales. Personnifié à l’écran par ses personnages qu’on croirait tous issus du match de football américain, le style des Gears est violent, direct et ne prend pas le temps de se poser de questions. On fonce, on tue – si possible avec un peu de style – et on ramasse de quoi tenir les 5 prochaines minutes.

Coucou !
Coucou !

Le level design est taillé pour l’occasion, avec son chemin juste assez large pour stimuler les changements de position, l’alternance intérieur / extérieur ayant bien sûr un impact direct sur la façon de jouer. S’il peut sembler simpliste, ce choix offre une immersion immédiate au joueur qui se focalise sur la seule chose qui importe réellement: lui-même. Les sensations, bien que plus primaires, n’en sont que décuplées. Cependant, puisqu’il faut bien relever ce qui ne va pas également, l’IA est totalement à la rue et ses étranges choix (généralement, s’offrir à l’ennemi à un endroit inaccessible) sont assez agaçants, ce qui nuit parfois à l’implication du joueur et provoque quelques colères.

C’est ma guerre

Côté scénario, puisqu’il y en a vraiment un, on assiste une nouvelle fois à la fin de l’humanité, à ceci qu’on affronte un sentiment d’inéluctable assez unique. A tel point que les têtes pensantes de l’armée se décident à sortir Marcus, le déserteur, de prison pour une dernière mission désespérée. L’objectif est ni plus ni moins d’anéantir les hordes de Locuste en les atteignant au cœur. Le ton de la narration laisse toutefois peu de doute sur les véritables espoirs placés dans cet acte vital mais pourtant quasiment vide de sens. Si la trame scénaristique n’est pas particulièrement approfondie (elle le sera davantage dans les épisodes suivants), elle est toutefois bien ficelée pour rendre la progression digne d’intérêt. Malheureusement, les dialogues ne sont pas des modèles du genre et le doublage en VF est probablement l’un des pires: hormis Marcus et Dom, on passe du personnage qui récite son texte sans intonation au surjeu total (comme le gangsta-chef des parias).

Au-delà du décrassage graphique et du portage réussi du gameplay et des sensations, cette Edition Ultimate apporte quelques arguments supplémentaires pour justifier l’investissement (une quarantaine d’euros). Pour commencer par du classique, les petits gars de The Coalition ont travaillé sur les modes coopération et multijoueur. Ils auraient pu travailler davantage sur le premier, puisque celui-ci subit des ralentissements à la limite de l’acceptable qui dégradent grandement l’expérience, ce qui est d’autant plus dommage que c’est en coop que Gears of War prend toute son ampleur et que ses qualités sont les mieux exploitées.

Un vieux jouet pour Locuste
Un vieux jouet pour Locuste

Si vous n’avez pas d’ami sous la main (ou pas d’ami d’un niveau supérieur à l’IA, ce qui serait dramatique/inquiétant), le mode multijoueur est lui tout à fait jouable et fluide. C’est d’ailleurs le seul pan du jeu à être en 60 fps, garantissant une excellente fluidité, nécessaire vu le niveau très relevé des participants. Autant le dire tout de suite, si vous êtes plutôt casual ou que vous manquez de temps pour vous y investir, le multi risque de vous sembler inaccessible et frustrant. Un peu de courage, Marcus ne s’est pas fait en un jour, et les tueurs à gage du Xbox Live non plus. Enfin, clou du spectacle, le package comprend la totalité des jeux Gears sortis sur la 360, soit 4 jeux non remasterisés mais jouables grâce à la rétro-compatibilité, et qui seront disponibles en même temps que la mise à jour de la console apportant la fonctionnalité.

Le plaisir de recevoir

Brillant revival de la série incontournable sur Xbox 360, Gears of War Ultimate Edition possède toutes les armes (dont le Lanzor) pour s’imposer également sur Xbox One. Le jeu d’origine était déjà d’excellente facture, le portage est de bonne qualité et le contenu suffisamment étoffé pour justifier son acquisition. Le titre réussi le tour de force de prouver que les remaster ne sont pas que des solutions easy-money  et peuvent coexister intelligemment avec la rétro-compatibilité. Il ne reste qu’à espérer que les prochains jeux remasterisés s’en inspirent pour prendre (un peu) moins le joueur pour un portefeuille sur pattes et proposer des révisions d’aussi bonne facture.

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