Me voilà de retour !
Après vous avoir lâchement abandonné depuis le test sur le réveil de Link, je vous propose un test du premier jeu des studios Dontnod édité par Capcom : Remember Me. Je précise pour les quelques groupies qui pourraient poser les yeux sur ces premières lignes : Je ne parlerai pas de Robert Pattinson ici, désolé mesdemoiselles.
2084, Big Brother’s still watching you
Neo-Paris, 2084, Memorize, l’entreprise la plus influente du monde spécialisé dans le stockage de souvenir, à une emprise totale sur le monde et particulièrement sur l’ancienne capitale de la France. L’aventure commence dans la Forteresse de la Bastille (c’était bien la peine de la faire tomber en 1789). Nilin, notre héroïne, vient de se faire effacer la mémoire par l’administration pénitentiaire, effacement s’avérant incomplet. Elle est donc dirigé vers une nouvelle pièce pour qu’il soit total. Pendant son transfert, un mystérieux personnage, Edge, entre en contact avec elle via son sensen pour lui donner les instructions qui serviront à son évasion. Après une course poursuite nous mettant directement dans l’ambiance, elle parvient à s’échapper et se retrouve dans la station désaffectée de Nation. Qui est-elle ? Comment en est-elle arrivée là ? Quel est son but et surtout qu’est-ce que le sensen? Nilin est une chasseuse de souvenirs ainsi qu’une erroriste, des terroristes d’un nouveau genre qui s’attaque aux banques de mémoires et aux souvenirs des gens. Suite à un énorme coup de filet d’une chasseuse de primes réputé, Olga Sedova, elle s’est retrouvée enfermé à la Bastille. Après son évasion, son but sera de récupérer sa mémoire volée et de faire tomber Memorize grâce à l’aide du mystérieux Edge. Y parviendra t’elle ? Quand au sensen, c’est un dispositif bio-numérique équipant tous les citoyens en 2084 permettant la gestion et le partage de souvenir ainsi que la communication entre deux personnes : c’est le futur des réseaux sociaux.
Les plus érudits d’entre vous auront sans doute remarqué le lien entre le Remember Me et 1984 de Georges Orwell, je vous rassure, les deux sont bien liés.
Nilin’s Hyakuretsukyaku, remix et leapers.
Remember Me est ce qui se fait de plus classique dans le TPS de ces dernières années : Joystick gauche pour se mouvoir, joystick droit pour contrôler la caméra, X pour sauter (et pour esquiver durant les combats) et carré pour interagir. Mécanique éprouvé et efficace. Là où le jeu fais la différence, c’est au niveau des combos. En effet, il vous sera possible de les « créer » vous même ou plutôt de créer leurs effets car ils sont déjà prédéfinis pour ce qui est de l’enchaînement des touches. 4 combos sont accessibles et paramétrables à l’aide des pressens ayant les effets suivants : dégâts, régénération de santé (une réponse intéressante à l’auto-régénération présente dans beaucoup trop de jeux), régénération de S-Pressen et les chaînes. Ce dernier copie et amplifie l’effet du coup le précédent. N’oublions pas les S-Pressen, qui sont des coups spéciaux (au nombre de 5) qui se débloqueront tout au long de l’aventure et qui vous permettront de vous sortir de fâcheuses situations. Par contre, 2 touches seulement, carré et triangle, servent à l’exécution de ces combos, pourtant pas si facile que ça, le timing étant très important ici. Dontnod innove d’ailleurs en affichant la progression de vos coups en cours en bas de l’écran, intéressant quand on est un peu perdu. Les phases de combats ne se limite pas qu’aux corps à corps. Après le combat contre le premier Boss du jeu (qui sont au nombre de 3 et demi, vous comprendrez quand vous aurez fait le jeu), vous récupérerez le spammer, un dispositif projetant des flux pulsés de données provoquant des surcharges nerveux et électriques. Une « arme » très efficace pour faire tomber certains ennemis accrocher au mur et indispensable pour interagir avec les élements ingame et détruire un certain robot… Enfin, je noterai que le jeu contient très peu de QTEs et rien que pour cela, ça en fait déjà un jeu au-dessus de la moyenne.
Là où Remember Me se démarque des autres productions actuelles, c’est au niveau de la partie « remix de souvenir ». Dans cette partie du jeu, vous serez amenez à rentrer dans un souvenir particulier de votre « victime » afin de le changer et de progresser dans l’histoire. Après une séquence montrant comment l’événement s’est réellement passé, il vous faudra changer certains évènements et voir leur résultat jusqu’à obtenir l’effet souhaité par le scénario en utilisant le joystick gauche pour avancer ou rembobiner le souvenir et en interagissant lorsque c’est possible avec la touche rond. Un concept excellent mais malheureusement trop rare tout au long de l’aventure.
Enfin, qui dit combat dit ennemis à combattre et ils sont nombreux dans le jeu. Des leapers, être humain ayant muté pour cause d’incompatibilité avec le sensen aux enforcers (de la force SABRE ou de la Bastille), humains en armure chargez de faire respecter l’ordre et de capturer les erroristes. N’oublions pas les robots dont le Zorn qui est juste très impressionnant et qui m’a fait penser à ceux de type Orion dans Final Fantasy XIII mais là je m’égare.
Dernière chose car je vous vois venir. Vous vous êtes certainement demandé pourquoi je parlais de « Nilin’s Hyakuretsukyaku » n’est-ce pas? Appuyez rapidement sur la touche triangle, vous comprendrez. Il faut savoir que Yoshinori Ono est intervenu en tant que consultant sur le jeu, ceci expliquant (peut-être) cela. Dans le cas où vous ne connaissez pas le Hyakuretsukyaku, je ne peux malheureusement plus rien faire pour vous.
Neo-Paris, un personnage à part entière
Le jeu se déroule dans la plus belle ville du Monde, Paris. Enfin son équivalent en 2084. Neo-Paris est devenu une ville libre après la guerre civile européenne ayant eu lieu quelques décennies auparavant mais je vous laisse découvrir tout ça par vous même si tenté que vous arrivez à trouver les Mnesist disséminer dans le jeu. Ces derniers sont un des 4 collectibles à trouver, avec les Scaramechs, les SAT et les Focus Boosts. 5 SAT augmentent votre jauge de vie, 5 Focus Boosts votre jauge de S-Pressen et les Scaramechs… rien mis à part un trophée si vous les trouvez tous. Quand aux Mnesists, ce sont les fiches descriptives de ce qu’il faut savoir sur Neo-Paris et Memorize. Une idée vraiment intéressante pour ceux qui, comme moi, aiment aller plus loin dans un jeu en essayant de comprendre son histoire et ses subtilités.
Le jeu repose parfaitement sur l’ambiance de la ville partiellement reconstruite. La station abandonnée de Nation à ce quelquechose de poisseux qui n’a rien à envier au Slum 404, le quartier « bidonville » baignant dans les eaux usées attenant à la Conforteresse Saint-Michel. Ce dernier est ce qui se fait de plus chic dans Neo-Paris, alliant modernité et bâtiments haussmaniens grâce à l’excellent travail de Kaori Sheridan, l’architecte star de la ville. La Forteresse de la Bastille, la prison du jeu, ne vous laissera pas indifférent de par son immensité, son ambiance pesante et ses nombreuses cellules peuplées d’erroristes amnésiques. Enfin le siège de Memorize et la Tour Mnemopolis sont des immeubles moderno-futuristes de toute beauté. Les environnements sont nombreux et variés grâce à une direction artistique menée de main de maître par Aleksi Briclot à qui l’on doit déjà le design de Splinter Cell : Double Agent et de Haze mais aussi de nombreuses illustrations et bandes dessinées. D’ailleurs, je trouve que le personnage Bad Request lui ressemble beaucoup.
Certains trouveront que le moteur utilisé par le jeu, le Unreal Engine 3, peut paraître daté, cela n’empêche pas la qualité de l’animation et des environnements. Je n’ai d’ailleurs pas eu à subir d’aliasings ou d’autres désagréments graphiques.
La musique et l’ambiance sonore sont eux aussi quasi-parfaits. Retranscrivant avec brio l’ambiance du jeu. Le mélange musique orchestral et musique électronique est devenu un classique des jeux d’aujourd’hui, ce qui n’empêche pas la faute de goût. Ce n’est heureusement pas le cas ici. Le thème principal Nilin the Memory Hunter vous prend aux tripes dès l’écran titre, les musiques de combats sont surmotivantes. Je pense aux ‘excellents The Fight, Memorize, Fragments (qui m’a fait penser à certaines musiques de Final Fantasy XIII) et surtout le thème de Kid X-Mas (que je n’ai malheureusement pas trouvé). Enfin les musiques d’ambiances n’ont rien à envier aux restes de la production musicale. On doit cet excellent travail à Olivier Derivière et sa collaboration avec le Philharmonia Orchestra. Je me répète d’ailleurs mais les compositions orchestrales prennent aux tripes! Le compositeur français est d’ailleurs loin d’être un novice. Son travail sur Obscure 2 a été acclamé par la critique et celui sur le dessin animé de Disney Raiponce est excellent aussi. Oui j’avoue tout, j’ai vu Raiponce au cinéma et j’ai adoré!
Souvenez-vous de moi!
Le thème du jeu, la construction de l’identité et de la mémoire traité à travers une critique évidente de notre dépendance actuelle aux réseaux sociaux et à la technologie est bien trouvé. En 2084, Memorize est le vrai gardien de la mémoire de chacun et ceux-ci sont devenus une véritable drogue, légale (via les distributeurs de souvenirs que l’on peut voir dans la Conforteresse Saint-Michel) et un peu moins (comme certains PNJs quémandant des souvenirs heureux à la manière des personnages de Menace 2 Society). Remember Me est une oeuvre d’anticipation de toute beauté, bourrée de référence (Je me suis demandé, à la manière de Philip K. Dick, si les androïdes rêvent de moutons électriques lorsque j’ai vu ingame un séraphim étendu sur un lit). Autre référence, la présence d’un casier au nom de Spaggiari dans la Forteresse de la Bastille, sans doute un descendant du cerveau du « casse du siècle ». Les américains n’ont pas du la relever celle-ci. 😀
L’héroïne, Nilin n’est pas métisse par hasard. Le Directeur Créatif, Jean-Maxime Moris, a justifié son choix car il trouvait dépassé le postulat d’un héros masculin blanc, à raison. Nilin était donc le choix parfait: métisse, féminine et vulnérable… enfin pas tant que cela. L’anticipation est souligné par la cohabitation des bâtisses futuristes avec des immeubles beaucoup plus anciens, sans oublier les apparitions en guest-star de quelques monuments parisiens: La Tour Eiffel, Notre Dame de Paris ou encore La Basilique du Sacré Coeur. Après tout, il n’y a aucune raison que dans 70 ans, tous les immeubles et monuments de Paris aient disparu. Même constat pour le jean porté par l’héroïne et déjà centenaire aujourd’hui. Un PNJ vous fera d’ailleurs remarquer que votre tenue est démodée.
Le déroulement du jeu est découpé en 8 chapitres, chacun ouvert par une citation de personnes célèbres tels que Lamartine, Albert Camus, Rudyard Kipling, Rabridanath Tagore ou encore Simone de Beauvoir et par un monologue de Nilin en pleine réflexion sur l’épisode précédent et celui à venir.
Malheureusement tout n’est pas parfait dans Remember Me.
Premièrement, on pourra lui reprocher son déroulement trop linéaire à notre époque où les jeux proposent de plus en plus de choix et de monde ouvert. Cependant, cette linéarité est loin d’être désagréable car elle est parfaitement compensée par un scénario maîtrisé et intéressant. Scénario qui m’a paru un peu prévisible sur la toute fin.
Deuxièmement, une ville aussi vivante que Paris/Neo-Paris l’est tout de suite moins ici du fait de la quasi-absence de PNJs. Il faut quand même préciser que mis à part dans le Slum 404 et la Conforteresse Saint-Michel, la trame scénaristique ne laisse pas de place à ces « à côtés ». J’ai quand même adoré la conversation dans le Slum entre Serge et un autre PNJ au sujet de primes et de vacances. C’est typiquement français de se plaindre et c’est parfaitement retranscrit dans cette conversation si vous prenez la peine et le temps de l’écouter.
Enfin, la majorité des affichages est en anglais malgré que le jeu se passe à Paris. Notons tout de même que Paris n’est plus la France et que l’anglais est une langue déjà universelle et le sera sans doute plus dans les années à venir.
Mes notes:
Jouabilité : ★★★★★ (Classique, elle ne comporte aucune difficulté).
Réalisation : ★★★★☆ (La direction artistique est quasi-parfaite mais on regrettera la synchronisation des voix en VF, synchronisation sans nul doute adapté au public anglophone).
Musique : ★★★★★ (La musique est un des nombreux points forts du jeu et vous plongera totalement dans l’ambiance du jeu).
Durée de vie : ★★★☆☆ (Le jeu reste court mais ne fait aucun raccourci sur l’histoire, cela mérite d’être souligné).
Bilan: 17/20.
Remember Me est un très bon jeu de science-fiction d’anticipation sur lequel vous passerez un très bon moment avec une héroïne attachante en quête de ses souvenirs, une trame scénaristique de toute beauté et des décors à tomber malgré quelques bémols peu gênant. Dommage que sa sortie est été si proche de The Last of Us car Remember Me vaut le détour et n’a pas grand chose à envier aux autres productions actuelles. Un jeu à posséder absolument! (J’ai personnellement pas lâché le jeu pendant 2 jours, ce qui me vaut d’ailleurs d’être, selon psnprofiles, le 36e joueur à l’avoir platiné dans le Monde, classe)
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Pour aller plus loin:
Le site d’Aleksi Briclot
Les compositions d’Olivier Deriviere dont son travail sur Remember Me
Le site de Dontnod
Interview d’Oskar Guilbert, Directeur Général de Dontnod par mon nakama Jibey Fernandez sur Eclypsia.com
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Qu’il est beau ce test! Je dis beau et pas bon car là, on est plus dans le simple test de jeu vidéo mais dans la critique littéraire. Tu ne parles plus d’un jeu mais d’une oeuvre d’art. Fabuleux!
Et bien sûr, merci pour le lien final!
Peace #PixelBro
La critique littéraire carrément! Mais en fait ce jeux m’inspire tellement! Clairement dans mon top de mes jeux préférés. Celui-ci je le garde à vie!
Maintenant que Sony permet aux possesseurs de PS+ de s’y adonner gratuitement, je te remercie pour le test qui m’a bien motivé à le tester (ça et Aleksi Briclot).
Je serais moins dithyrambique que toi, mais c’est un vrai bon jeu.
Ok j’ai compris pourquoi j’accroche à l’univers: c’est écrit par Alain Damasio.
J’ai fait le jeu, et mise a part qu’il soit trop linéaire et que Néo-Paris ne soit pas assez vivante tout le reste est bon !
Il n’y a que le système de combat que j’ai pas vraiment aimé on nous laisse pas tant de liberté que ça dans les combos et les coups sont assez limités… Mis à part ça on a a faire a une aventure profonde et mature avec un scénario prenant !
Ah et dernière chose que je regrette seulement 4 memory remix c’est trop peu même si on comprend que le travaille a été difficile pour ce jeune studio de développement !
J’aimerai dire une dernière chose sur le titre « Remember Me » il me parait comme un appel des développeurs qui demandent a ce qu’on se souviennent d’eux… Quoi je vais trop loin ?