Batman Arkham Asylum : Serez-vous moins fou que le fou?
Alors que le nouvel épisode de la série Batman Arkham sort le 25 octobre prochain, revenons sur le premier volet de la trilogie qui fait frémir les fans de la Chauve-Souris la plus classe des comics.
Devons-nous encore présenter le personnage et l’univers de Batman ? Tout le monde sait qu’il a été créé par Bob Kane en 1939, qu’il a perdu ses parents alors qu’il était jeune et en a tiré une motivation dans sa lutte contre le crime en temps que justicier ? Et tout le monde sait qu’il combat plusieurs des super vilains les plus épiques de tous les comics ? Tout le monde suit, même toi, au fond ? Bon, passons maintenant au jeu.
Premier constat, le scénario est digne des meilleures aventures de Batman. Si l’histoire semble assez basique au premier abord, elle se complexifie au fur et à mesure de l’avancée du joueur. Pour résumer : Batman vient de capturer le Joker après une bataille intense mais pourtant, de l’avis de l’intéressé, trop simple. Sentant venir le coup fourré, il décide de l’accompagner en personne à l’asile, et de s’assurer tout au long du processus d’incarcération que le Joker finisse bien dans sa cellule. Mais malgré toutes ces précautions, le Joker, aidé d’Harley Quinn, s’échappe, non pour s’évader mais pour prendre le contrôle de l’île d’Arkham. Il commence par relâcher des dizaines de sbires à ses ordres, transférés de la prison de Blackgate, ainsi que de nombreux pensionnaires emblématiques de l’asile. Batman, coupé du monde extérieur, prisonnier volontaire de l’asile du Joker, va donc devoir naviguer entre les sbires, les fous et les super vilains pour stopper sa némésis dans sa quête de pouvoir.
Outre le clown macabre, le joueur aura la lourde tâche de devoir affronter plusieurs personnages emblématiques de l’univers : Killer Croc, l’Épouvantail et d’autres font des apparitions marquées, tandis que le Commissaire Gordon et Oracle tentent de vous venir en aide.
Maintenant que l’histoire est posée, intéressons-nous au jeu en lui-même. Le gameplay est résolument simpliste bien qu’enrichi par les nombreux gadgets mis à votre disposition : batarangs, grappin, gel explosif ou encore appareil de piratage. Les combats ainsi que l’exploration des lieux permettront l’utilisation d’une foule d’objets différents à l’utilisation différente. Tellement qu’à certains moments, je suis resté coincé de longues minutes à tourner en rond en cherchant une solution à une énigme de transport qui finalement m’est apparue comme étant toute simple. Heureusement, les développeurs ont fourni aux joueurs une vision « spéciale » permettant de voir les objets du décor avec lesquelles interagir mais également l’emplacement des ennemis : pratique, presque trop. Notons également le système de combat, se résumant le plus souvent à trois touches : attaque, parade, coup de grâce ; un QTE virant au répétitif bien qu’assez jouissif par moments. Cependant, à partir du moment où il y a plus de quatre ennemis, dont certains possédants des attributs spéciaux, la galère commence. Batman semble alors aussi souple qu’un balai-brosse, l’esquive se fait poussive, et les ennemis peuvent vous enchaîner à deux sans que vous puissiez réussir à les en empêcher. Le combat précédant le duel final contre le Joker m’a d’ailleurs fait rager à un point rare pour un jeu vidéo. Et je ne jouais même pas en difficile ! Rajoutez à ça un bug pour mettre des coups de grâce obligeant à changer les touches dans les options…
Il faut cependant avouer que les phases d’élimination en toute discrétion contre les ennemis armés par exemple (oui, parce que Batman refuse de tuer ses adversaires mais eux ont le droit de te descendre à l’AK-47 alors que toi tu n’as même pas le droit à une barre de fer… Principes, quand tu nous tiens et nous fait crever !), peuvent être rapidement jouissives. Il est assez amusant de se balader sans se faire repérer, éliminant un à un les ennemis via les différents gadgets ou les suspendant aux gargouilles et les regarder ensuite paniquer. Même s’ils souffrent apparemment du même mal que les personnages des films d’horreur, le bien nommé syndrome « Oh mon dieu, Batman est là et nous élimine un par un ! Séparons-nous et éloignons-nous le plus possible surtout si on est plus que deux ! ».
Par contre, deux phases sont quant à elles particulièrement ratées. En premier lieu, les boss, qui sont pour la plupart répétitifs : jets de batarang, esquive, on tabasse le boss avec parfois des variations sur les gadgets utilisés et sur la présence ou non de sbires. Seul un bossfight change un peu dans son approche mais je ne vous dirais pas lequel sans spoiler, donc… L’autre phase cauchemardesque est celle contre l’Épouvantail qui se traduit en une course d’obstacles sans se faire repérer. Pourquoi est-elle ratée ? Parce que dans de rares moments dont les épisodes de l’Épouvantail, la caméra change brutalement d’angle et comme vous ne pouvez pas la régler, cela devient dès lors très pénible de diriger votre balai-brosse de personnage.
Le jeu en lui-même est vendu comme un jeu d’infiltration. Pourtant, je dois avouer n’avoir jamais trouvé plusieurs options pour avancer comme pourrait le proposer un Hitman. Il n’y a en général qu’un seul chemin au sein des bâtiments. Quant aux phases de combat, si vos ennemis ont des armes, vous passerez obligatoirement par les phases d’élimination discrète, sous peine d’être abattu sur place.
La durée de vie est quant à elle assez limitée. Une grosse dizaine d’heures environ sont nécessaires pour compléter le mode histoire, sans doute moins en se pressant. Cependant, elle est prolongée via deux artifices : les défis du Sphinx (ou Homme-Mystère, tout dépend de votre préférence), qui débloquent des bonus mais vous poussent à analyser le décor et à rechercher des trophées. C’est assez sympa et n’est pas une simple poudre aux yeux. L’autre moyen de rallongement de la durée de vie est le mode « défi », où vous devrez cumuler des points en éliminant discrètement des ennemis ou au contraire en les tabassant en enchaînant les combos. J’accroche moins au principe mais certains s’y intéresseront.
Malgré ses défauts, le jeu reste bon. Les graphismes sont excellents, et collent parfaitement à l’univers de Batman, aidé pour cela par l’ambiance sonore particulièrement réussie. Les doublages français, pour une fois, n’ont rien à envier à la VO, puisque ce sont des voix déjà connues par les amateurs de la licence. Détail qui pourtant a son importance en termes d’immersion : vous pouvez voir votre avatar de plus en plus sale et son costume de plus en plus déchiré. Car au final, c’est là le point fort du jeu : sa capacité d’immersion. On croit à l’histoire. Les personnages ont une vie et une réelle incidence sur l’univers. On sursaute à de nombreuses reprises au cours l’aventure : on se demande quand certaines phases se terminent non pas à cause de leur lenteur mais à cause de la pression qu’elles génèrent. C’est en ça que les graphismes sont bons, suffisamment travaillés pour les rendre immersifs mais pas trop réalistes pour ne pas mettre fin à l’immersion par la réflexion « ça, c’est impossible dans la vraie vie… ». Le jeu est sombre tant graphiquement (au sens figuré) que scénaristiquement.
Rajoutez à ça des bonus déblocables, tels que les biographies des personnages emblématiques de la licence, des « figurines » et des extraits d’entretiens entre les patients et des médecins d’Arkham via les défis du Sphinx… De quoi contenter les fans endurcis des comics. Car au final, si le jeu reste bon pour les néophytes, c’est clairement pour les fans de la licence qu’il dévoile tout son potentiel. C’est pourquoi il est difficile à noter. Je dirais 15/20 pour quelqu’un qui ne connait pas vraiment l’univers de Batman mais 19/20 pour ceux qui en sont fans… Quant à ceux qui n’aiment pas le héros masqué : passez votre chemin, ce jeu n’est clairement pas pour vous. En bref, un titre qui satisfera le joueur et ravira le fan du Chevalier Noir.
Batman Arkham Asylum est un jeu de Rocksteady, édité par Eidos Interactive. Il est sorti en 2009 sur XBox 360, PS3 et PC.
C’est une de mes sagas préférés sur cette gen et je te rejoins sur plusieurs points que tu abordes 🙂 un très bon test.