Drink Box Studio, déjà auteur du très sympathique Tales From Space: Mutant Blobs Attack (un de mes premiers jeux sur Vita et un petit coup de coeur perso) nous sert environ un an après Guacamelee, un jeu à la croisée de plusieurs genres dans une ambiance assez peu exploitée dans les jeux vidéo: le Mexique et son folklore. Ça se déguste sur PS3 et PS Vita (en Cross-Buy et Cross-Save s’il vous plaît) et je m’en vais vous en faire le test, basé sur la version portable que j’ai parcourue en long, en large et en travers. Arrrrrrrribaaaa!
Ola! Me llamo juan
Guacamelee vous propose de diriger Juan, un cultivateur d’agave silencieux, bien bâti et fan de Lucha Libre. Notre ami coule des jours paisibles dans le petit village de Pueblucho, jusqu’au jour où l’infâme Carlos Calaca (50% squelette, 50% charro, 100% méchant) et sa clique débarquent pour enlever la fille d’El Presidente. N’écoutant que son courage, notre héros part à la rescousse de la chiquita en détresse mais se fait gentiment poutrer la face. Errant dans les limbes, Juan se voit alors confier le masque magique du luchador, une seconde chance pour lui d’aller botter les fesses des méchants et de sauver celles (beaucoup plus calientes) de la belle.
Zorro est un sombre héros… qui porte un sombrero…
Guacamelee se présente comme un Metroid-Like, mâtiné de Beat’em All et de Plate-Formes. On débute ainsi le jeu avec une palette de mouvements réduite à peau de chagrin (c’est la version polie pour « peau d’zob ») qui va néanmoins s’étoffer au cours de l’aventure: coups spéciaux divers, double saut, possibilité de courir sur les murs ou bien encore une transformation spectaculaire que je vous laisse le soin de découvrir.
La prise en main est immédiate et on se sent en terrain connu dès les premiers pas. Certes les commandes ne sont pas aussi révolutionnaires qu’un Che Guevara mais elles offrent leur lot de subtilités. Leur richesse, tant dans les combats que dans les phases de plate-formes, se dévoile à mesure que l’on avance. Certains passages vous demanderont même un brin de coordination pour aller chercher la récompense au bout. Sachez toutefois que le titre n’est pas punitif en cas de raté – notamment parce que les points de sauvegarde sont assez nombreux – mais va plutôt chercher à récompenser le joueur qui aura les cojones de s’attaquer aux challenges proposés. Très honnêtement, Le personnage répondant au doigt et à l’oeil, on ne peut s’en prendre qu’à soi-même en cas d’échec. Le cas échéant, on retrousse ses manches et on y retourne avec plaisir et sans aucun sentiment de frustration.
L’ensemble du jeu nous tient en haleine, entre phases de plate-formes virevoltantes et combats acharnés. On pourra peut-être reprocher des combats généralement trop faciles lors du premier run en mode normal, et des boss en dents de scie (l’avant-dernier étant certainement le plus difficile du jeu, suivi de près par le tout premier), mais ce serait vraiment pinailler tant le rythme est soutenu et le fun omniprésent.
Viva Piñata!
Parlons un peu plus en détail du gameplay. Comme je le disais plus haut, on acquiert au fur et à mesure de l’aventure de nouveaux pouvoirs. Ces derniers servent aussi bien à combattre qu’à explorer. Ainsi, le premier que l’on obtient – l’uppercut – offrira la possibilité de poursuivre élégamment ses combos dans les airs mais sera aussi un bon moyen d’allonger ses sauts en cas de plate-formes trop haut perchées.
Tout comme dans Metroid, toute attaque fraîchement acquise va nous ouvrir de nouvelles zones. En effet, vous croiserez par moments des stèles de différentes couleurs, chacune destructible uniquement par l’attaque correspondante, elle aussi colorée (rouge pour l’uppercut, jaune pour le coup de boule, …). De même, certains ennemis arborent un voile coloré qu’il vous faudra percer avant de pouvoir les atteindre.
À mon sens, la plus grosse originalité du titre en termes de gameplay est le fait de pouvoir switcher du monde des vivants au monde des morts. Une fois ce pouvoir acquis, c’est un festival d’idées géniales et de plate-formes prise de tête, certains éléments étant présents dans un monde mais pas dans l’autre (et vice et versa comme le dirait l’anachorète hypocondriaque).
Avec tout ça, vous en avez la confirmation: sur des bases simples et somme toute connues, Guacamelee arrive à nous proposer énormément de richesse et de profondeur.
Oulala Tequila!
Si le gameplay est riche et bien calibré, empruntant des éléments à différents genres, c’est selon moi dans son univers et son ambiance que Guacamelee brille le plus. Un vrai festival auditif et visuel! Niveau son tout d’abord, c’est impeccable, les thèmes musicaux collent parfaitement à l’action et restent en tête une fois la console éteinte. Je serais prêt à dégainer ma carte bleue si une BO du jeu venait à voir le jour. En attendant, j’écoute en boucle le thème de la Caverna del Pollo ici.
Visuellement, le chara-design me rappelle des dessins animés comme Samurai Jack ou les Powerpuff Girls: des à-plats de couleurs chatoyants qui vous chatouillent la rétine en permanence; c’est juste sublime! Mais le jeu ne se contente pas d’être beau, il jouit d’une animation fantastique, avec des mouvements fluides et emplis de personnalité. Certaines mimiques me renvoient même aux anciens Disney comme Hercule (à ce propos, la sorcière X’Tapay a un je-ne-sais-quoi d’Hadès lorsqu’elle pique ses crises). Pour ne rien gâcher, les dialogues sont savoureux et bourrés d’humour et le jeu regorge de références aux icônes du jeu vidéo et de l’internet moderne. Je me garderai bien d’en dire plus, je m’en voudrais de vous gâcher le plaisir de la découverte… Surtout, scrutez bien les décors!
La vengeance du serpent à plumes
J’ai parlé du gameplay et de la réalisation, me reste à parler de la durée de vie avant de conclure (d’ailleurs le Jean-Claude Dus en moi en est convaincu, ce soir je vais conclure!). Comptez grosso modo une dizaine d’heures pour terminer le jeu et compléter la carte du monde à 100% (ce qui implique de faire toutes les quêtes annexes et de trouver tous les coffres cachés). Pour nos amis chasseurs de trophées, sachez que le platine est très abordable, à tel point que le noob que je suis est en passe de l’obtenir. Pour ce faire, il vous faut réaliser quelques menus défis et surtout terminer le jeu une seconde fois en mode difficile. Au final, une quinzaine d’heures de jeux (surtout si vous êtes, comme moi, du genre à tondre toute la pelouse à l’écran dans un Zelda…). En somme une durée de vie plus qu’honnête pour un « petit » jeu à 13 boules.
Deux choses dont je ne puis vous parler ici: le mode deux joueurs et la version PS3, non-testés à l’heure où j’écris ces lignes. Il est probable que la taille des sprites sur écran HD rende l’ensemble visuellement plus confortable, bien que cela ne m’ait posé aucun souci sur la version Vita, car le zoom sur l’action est toujours réglé au plus juste: en plan large lors des phases de plate-formes et rapproché lors des combats.
Aïe Pepito!
Jouabilité au poil, gameplay riche, univers atypique, visuel accrocheur, animations cartoonesques, bande-son à l’avenant, sensation d’évoluer en permanence, rythme soutenu et challenges gratifiants, … N’en jetez plus! Guacamelee c’est comme la tequila, le sel et citron: un mélange des saveurs explosif et parfaitement équilibré. Ce jeu a été fait par des passionnés, pour des passionnés. Lui mettre une note serait lui faire insulte, ce serait comme essayer de noter les lasagnes de ma maman…
Je suis impatient de voir ce que le studio Drinkbox nous réserve à l’avenir. Sachez qu’ils commencent tout juste à bosser sur des DLCs pour le titre. Moi qui ne suis habituellement pas fan du procédé, j’avoue être prêt à lâcher quelques deniers pour prolonger le plaisir. En attendant, à 13 boules en Cross-Buy et Cross-Play, y’a pas à tortilla du culo: foncez l’acheter, il a tout d’un grand!
J’ai kiffé mon salaud! Bienvenue en enfer avec le jeu parfait pour en mettre plein la vue 😀