Ce jeu a été testé avec une version presse
Etre dictateur est pour vous plus qu’un rêve : c’est votre destinée ? Go Tropico 5 !
NB : Avant toute chose, je tiens à effectuer une petite mise en situation: de la série Tropico, je n’ai joué au préalable qu’au premier épisode, a long time ago. Je ne peux donc pas comparer cette cinquième mouture à ses prédécesseurs en vous indiquant les points d’amélioration ou les différences majeures de gameplay.
Tropico 5 vous propose de prendre en main le destin d’une petite île et de ses habitants. Vous commencerez sous le joug d’un roi plus ou moins intéressé par ladite île, et vous serez rapidement amené à vous émanciper sous la pression des groupes révolutionnaires communistes.
Comme tout jeu de gestion qui se respecte, vous aurez l’opportunité de progresser via une campagne de bonne facture et fluide, ou de générer une partie aléatoire – paramétrée selon vos envies – via le mode bac à sable. Un didacticiel un peu capricieux et manquants de détails complète ces modes de jeu, accompagnés d’un mode multi que je n’ai malheureusement pas encore pu tester.
Vous débutez donc la partie en tant que petit dirigeant local assujetti à la Couronne (pays lointain dont le monarque vous a placé à la tête de votre île tropicale plus ou moins paradisiaque), avec un mandat d’une durée précise. La Couronne vous proposera des missions à mener à bien pour allonger votre mandat, obtenir plus de finances… Ou placer de l’argent sur votre compte personnel en Suisse, indispensable pour pouvoir un jour penser à prendre votre retraite. Le jeu s’étendant à travers les âges, de l’époque coloniale au futur en passant par la guerre froide, vous devez gérer votre dynastie, vos rejetons ayant chacun des atouts à utiliser à bon escient. Et par atouts, entendez vices, car ce ne sont pas grâce à leur bienfaisance que les dictateurs font leur beurre.
Les mécanismes de base de Tropico 5 sont ceux d’un City Builder somme toute assez classiques, et les premières missions confiées par la Couronne ou les révolutionnaires cadrent la progression en début de partie. Vous devrez donc mettre en place les infrastructures nécessaires à la progression de votre île, avec tout ce que cela comporte de routes, ports, et habitations. Classiquement, tout repose sur la gestion des ressources (plus tard dans la partie, il sera en plus question de bonheur des citoyens sous peine de révolte populaire). Les mines, fermes et plantations produisent des ressources utiles pour la population locale ou qui seront exportées contre monnaie sonnante et trébuchante. Les ouvriers ont besoin d’un bon cadre de vie et de formation pour être efficaces, on construit donc des pubs et des opéras. On protège/asservit le tout avec la police et une armée et on contrôle via la religion ou l’éducation. Enfin, pour suivre l’évolution des besoins et attirer toujours plus de devises, on déploie les attractions touristiques.
En plus de ces mécanismes, la gestion de la population s’effectue par le biais d’une Constitution à adopter (plus ou moins liberticides, forcément), agrémentées de décrets. Certains sont assez drôles mais leur effet étant limité, ils sont plutôt présents pour agrémenter l’atmosphère très second degré du jeu – avec succès, soit dit en passant. La progression des infrastructures et de la Constitution n’est possible que grâce à des recherches, qui prennent un certain temps mais débloquent bâtiments et améliorations. Bref, des mécanismes classiques.
En toute honnêteté, le gros point fort de ce Tropico comparé à la concurrence est l’adaptation de ces mécanismes connus et éprouvés à un contexte inhabituel, le tout avec beaucoup de dérision. Le traitement par l’absurde des décisions prises et des « dialogues » empêchent de donner un quelconque crédit aux actes et décisions qu’il est possible de prendre (au contraire par exemple du très sérieux Civilization, qui a même été jusqu’à proposer la mise en place d’une dictature fasciste dans une précédente version). L’humour est omniprésent et très référencé, il n’est d’ailleurs pas impossible de passer à côté de certains jeux de mots ou références. Durant les temps de chargement, à l’instar des citations militaires proposées dans les FPS, les différentes anecdotes concernant des dictateurs (réels) que l’on qualifiera sobrement de « surprenantes » sont assez savoureuses. Surtout pour des gens qui, comme moi, ont laissé libre cours à leur côté obscur.
Cela se ressent également dans certaines missions confiées par les révolutionnaires, ainsi que dans la gestion de l’opposition politique. La prochaine élection (si vous avez autorisé des élections à se tenir) ne vous semble pas favorable ? Torturer, tuer ou corrompre des opposants vous aidera. Dis comme ça, c’est pas super fun mais dans l’atmosphère dérisoire du jeu ça le devient. Promis. Je suis malsain mais pas à ce point.
En somme, ce Tropico 5 utilise un prisme original pour servir des mécanismes éprouvés. Rien de révolutionnaire (#cestcadeau #blagueofthecentury) dans le fond mais le travail sur la forme justifie qu’on s’y intéresse. En parlant de forme, les graphismes sont soignés et détaillés, les animations bien travaillées, l’ensemble est très propre. Quelques bémols toutefois, comme la gestion des liens commerciaux un peu obscure, ou celle des événements « guerriers », lors desquels seul le nombre importe réellement en définitive (ce n’est pas un STR mais quitte à inclure des combats autant aller au bout de la démarche).
On prend plaisir à jouer, on retiendra l’ambiance et l’humour du soft malgré le manque réel d’innovation sur un terrain où Anno 2070 et Sim City tiennent encore la main. Cependant, on passe un vrai bon moment et c’est là le principal. Comme le dirait un ami philosophe qui s’ignore (heureusement pour l’humanité), « ce n’est pas le plus grand jeu du monde, mais c’est pas mal ».