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Test The Order 1886 PS4
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[TEST] The Order : 1886

Enfin ! Après des mois d’attente, de teasing, de hype, de tweets, de vidéos, de conférences (mais pas de défilés topless dans les rues de New-York, Sony sait se tenir), l’occasion nous est enfin donnée de mettre nos gros doigts sur The Order sur PlayStation 4. Comme personne n’a pu y échapper, le jeu a déjà déchaîné les passions, entre ardents défenseurs et haters-trollers, sur tous les supports possibles et imaginables. Faisons fi pour l’instant de tous ces commentaires et avis, insérons le disque et vérifions par nous-même.

L’aventure débute par une scène de torture très réaliste, qui veut donner le ton du jeu: ce sera sombre et moite. Notre héros, Sir Gallahad, est en train d’être presque noyé par ses geôliers. Après une évasion servant de didacticiel, on est parti pour un flash-back afin de remonter aux sources de cette étrange situation sur fond de chasses aux Lycans, d’ordre secret au service de sa Majesté et de Nikola Tesla (décidément très à la mode). A ce moment du jeu, deux éléments se dégagent : c’est effectivement magnifique et ce pour tous les rendus (textures, effets de lumière, particules, etc), et la trame scénaristique est très classique.

Ser Gallahad et ses gadgets
Sir Gallahad, sa moustache, ses rouflaquettes et ses gadgets

Miroir, mon beau miroir

On ne peut pas parler de The Order sans s’arrêter sur son atout majeur: ses graphismes. Ils ont été tellement mis en avant par Ready At Dawn, à force d’images et de vidéos in-game, qu’ils en sont devenus le seul attrait certain. Les créateurs ont eu beau insister par moments sur l’ambiance et l’histoire, tout a été misé sur la qualité graphique du titre. C’est parfaitement réussi car le jeu devient LA vitrine technologique pour la console de Sony et son plus beau faire-valoir.

Même les défauts du jeu (on va s’y attarder, croyez-moi) poussent dans cette direction: son unique objectif est de prouver les capacités de la PlayStation 4. Sur ce point, la bête impressionne, on en prend plein les mirettes. Tout est superbement travaillé, les environnements et éléments de décor sont d’une finesse incomparable, les animations du héros, de ses armes, ses vêtements sont fluides et réalistes. On reprochera simplement un flou parfois gênant lors des gunfights lorsqu’on n’est pas en train de viser.

Exemple parfait du cover TPS
Exemple parfait du cover TPS

Pour tout ceux qui veulent encore croire que The Order est la bombe ludique de 2015, vous pouvez vous arrêter ici. Pour les autres, qui se demandent ce qui se cache réellement derrière cette jolie palissade à 70€, il va être temps de causer des autres aspects du jeu.

Tiens, j’ai baillé

Hormis la qualité graphique, le directeur artistique (et accessoirement co-fondateur du studio) qui n’a jamais fait autant parlé de lui que depuis 6 mois Ru Weerasuriyaa voulu insister sur l’univers cohérent et la qualité d’écriture du titre. Malheureusement, j’ai plutôt l’impression que l’équipe en charge du scénario a écrit un script de 2 pages en vitesse avant d’aller s’en jeter un petit au bar du coin. Tout est attendu, les rebondissements n’en sont absolument pas (enfin, si vous êtes allés au cinéma, avez regardé des séries TV, avez lu un livre – même une BD d’ailleurs – au moins une fois durant les 50 dernières années), et le tout est accompagné de dialogues d’une mollesse écrasante (tiens, tout comme Ryse: Son of Rome).

Pour accentuer la torpeur scénaristique, le jeu est dirigiste à l’extrême mais jamais surprenant. Comme pour tout bon TPS basé sur le cover (on se cache derrière un élément du décor avant de fumer les armées ennemies), il y a des phases d’exploration et des phases de fights. A ceci près que les phases de fights sont très espacées, qu’on les anticipe toujours et que les environnements sont tellement réduits qu’on en deviendrait claustrophobe. Il n’y a que très peu de latitude pour se déplacer et explorer et on n’est pas aidé par le gameplay.

Une petite exécution au corps à corps, à consommer sur place
Une petite exécution au corps à corps, à consommer sur place

Si les graphismes sont devenus l’un des critères principaux d’acceptation d’un jeu, il n’en est pas moins vrai qu’un gameplay solide est tout autant nécessaire. Une fois encore, les équipes de Ready At Down n’ont pris aucun risque: on pompe allègrement les principes inculqués il y a 10 ans par Gears of War et consorts, et on les applique lentement. Les actions sont donc très limitées mais en plus le héros est d’une lenteur insupportable. Bien qu’il soit effectivement assez âgé, Gallahad se traine dans des décors vides et avec lesquels il n’est possible aucune interaction (cf. l’ennui précédemment cité) mais il est en plus parfois compliqué de courir (ou même impossible dans certains passages). Enfin, même si les graphismes sont exemplaires, le positionnement de la caméra est également un exemple de ce qu’il ne faut pas faire: trop proche, pas assez haute, on passe son temps à la manipuler pour essayer de voir ce qui se passe à plus de 2 mètres de nous.

Durant les phases de combats, c’est encore plus flagrant. Entre les phases de couverture où on ne voit absolument rien dans 70% des cas (voir screen ci-après), le flou artistique fait perdre les quelques précieuses secondes qui vous permettront de mitrailler les ennemis avant qu’ils ne vous plombent. Le passage d’un point de couverture à l’autre manque de dynamisme et de précision et le tir à l’aveugle est tellement imprécis qu’on l’oubliera vite. D’ailleurs je suis mauvaise langue, puisque tous les tirs sont imprécis (sauf avec le fusil de précision). Les armes sont d’ailleurs très conventionnelles, la seule réelle innovation étant le fusil à termites, qui tire une nuée de particules qui s’enflamment (mais à enflammer vous même dans un second temps).

Le tir à l'aveugle n'a jamais aussi bien porté son nom
Le tir à l’aveugle n’a jamais aussi bien porté son nom

C’est grave docteur ?

Oui, c’est assez grave. Car la cerise sur le gâteau arrive : l’assistanat permanent. Tout au long du jeu, les items avec lesquels une interaction est possible vous seront signalés, et de très loin. Une fois localisés, le didacticiel sera toujours présent pour vous indiquer quoi et comment faire. Pour compléter, quelques scènes en QTE sont à réussir pour avancer, dont les 2 combats de boss. Oui, il n’y a que 2 boss. Et oui, dans les 2 cas c’est un Lycan un peut plus balaise que la moyenne, à tuer en enchaînant des coups de couteau tout en évitant ses coups (toujours en QTE).

Que faire, que faire?
Que faire, que faire?

Il ne reste alors plus grand chose à se mettre sous la dent. Si la musique est quelconque, les effets sonores sont de plutôt bonne qualité. Il en va autrement pour la diversité des ennemis, tous habillés à l’identique (même les rebelles qui font pourtant partie de la partie pauvre de la population). Les rares combats contre les Lycans sont affligeants de facilité (ils n’ont qu’un seul pattern d’attaque) et les ennemis humains ont tendance à rester cachés des heures derrière leurs caisses à vous mitrailler à l’aveugle (mais eux réussissent, forcément).

La durée de vie est courte, comptez environ 6h pour terminer le jeu en Normal et 1 de plus en Difficile. La difficulté est d’ailleurs assez mal dosée. Enfin, le jeu n’a aucune rejouabilité, même pour les « Trophy Hunters » car tous peuvent être obtenus en une seule partie (et aucun n’est lié à l’histoire). D’ailleurs, la liste des trophées indique clairement le positionnement du jeu: au même niveau que des jeux plus modestes à 20€.

Bon OK, c'est quand même foutrement beau
Bon OK, c’est quand même foutrement beau

Et c’est tout ce que j’ai à dire à ce sujet

Le premier défaut majeur de The Order : 1886 provient de son positionnement: c’est une vitrine technologique pour la PS4, comme l’a été Ryse pour la Xbox One. Sauf que ce dernier a eu le bon goût de sortir en même temps que la console, d’être un poil plus fun, de proposer un mode multi et un mode arêne et un gameplay autrement plus réactif. Dans son état actuel, on a plus affaire à une béta un peu ratée qu’à un vrai jeu AAA hypé.

The Order a donc réussi son pari, nous prouver que la PS4 a de la ressource et qu’on n’a encore rien vu des réelles capacités de la machine. Mais si son objectif était de proposer un bon jeu, c’est particulièrement raté.

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