Sept ans après sa sortie française sur PlayStation 3 et Xbox 360, me voici de retour sur Catherine, le puzzle-game « horrifique » d’Atlus qui avait été une des (très) bonnes surprises de l’année 2011. Attention, ce n’est pas un retour sur un remaster parmi tant d’autres, mais bien sur un nouveau jeu, plus corsé, comme le bon vin : bienvenue sur Catherine Full Body.
Le rouge ne tâche pas forcément
Tout comme le jeu original, le jeu commence avec une présentation du programme de Golden Playhouse, animé par Trisha, à la manière d’une émission de télévision. Notre présentatrice aux cheveux rouges à d’ailleurs tronquer son afro démesurée pour une coupe… Encore plus démesurée, et abandonnée son tailleur sombre pour une tenue plus… « festive ». Enfin, ce sont des détails que vous ne remarquerez que si vous avez joué à Catherine par le passé. Bref, après une rapide présentation des tenants du scénario, le jeu se lance directement en nous présentant le nouveau personnage, Rin, ses cheveux roses et son air candide, qui sera amené à faire partie du carré amoureux impliquant notre héros : Vincent Brooks. Nul doute que cette première cinématique aura des conséquences sur la suite. Puis on enchaîne avec un générique du plus bel effet (on vous a dit que c’était une émission) pour enfin se retrouver plonger directement dans la partie « action » du jeu : les phases de puzzles.
(Kat)Cathe-Rin et Vincent
Catherine Full Body est toujours un jeu composé de plusieurs phases bien distinctes et complètement différentes dans leur approche.
Les phases de puzzles viennent en effet ponctuer un récit interactif (en 3D) agrémentez de scènes animées par le Studio 4°C (Amer Béton, Les Enfants de la Mer, Animatrix…)
Nous suivons donc le quotidien de Vincent un trentenaire en couple avec Katherine McBride depuis un certain temps (ça fait 5 ans au début de notre histoire), une femme sûre d’elle et qui a l’air de tenir le couple à bout de bras. Cette dernière voudrait enfin se projeter pour de bon avec notre héros qui a tendance à fuir un peu les responsabilités et qui préfère se consacrer à son boulot (un peu) et à ses soirées au Stray Sheep avec ses amis Orlando, Jonny et Toby (énormément). C’est d’ailleurs dans ce bar que va travailler Rin, la nouvelle arrivée dans l’histoire, après que Vincent l’a sauvé au début du jeu… Et c’est malheureusement aussi à cet endroit qu’il fera la rencontre de Catherine, une jolie blonde entreprenante.
Ce n’est pas tout ! Après une première phase de puzzle et un Vincent se réveillant en ayant pissé au lit, le jeu commence sur le journal télévisé faisant état de la mort d’un homme, retrouvé quasi-momifié dans son lit, l’effroi teintant son visage. On apprend alors que celui-ci est une ancienne connaissance de Vincent et de sa clique. C’est à ce moment que notre héros raconte son cauchemar et son réveil et qu’il se pose la question suivante : est-ce que si on meurt dans un rêve, on meurt pour de vrai ? C’est ce qui vous pend au nez.
En plus des nombreux dialogues avec vos compères et les autres PNJ, vous pourrez effectuer plusieurs actions au Stray Sheep : vous pouvez commander à boire (et en apprendre plus sur certaines boissons), tenter de résoudre les problèmes des autres PNJ* (ou être tout simplement à leur écoute), changer la musique du bar via le Juke-box (les amateurs apprécieront les musiques des jeux Persona disponibles ici) ou jouer au jeu d’arcade Rapunzel, qui est une version 2D des phases de puzzle de Catherine Full Body. Rapunzel aura d’ailleurs une importance capitale dans votre aventure si vous comptez voir toutes les fins du jeu d’Atlus.
* Il y a moyen que certains PNJ trouvent la mort avant la fin du jeu si vous ne les avez pas aidés à régler leurs problèmes et leurs états d’âme. Ce qui peut-être un exercice corsé, car selon comment vous menez votre soirée, le temps passe, et certains quittent le bar à mesure que la soirée avance. Il va falloir être solide !
De plus, vous aurez aussi pas mal d’interactions avec votre téléphone portable. Vous recevrez des SMS et des MMS de Katherine et de… Catherine ainsi que des appels téléphoniques et vous devrez y répondre. Ne croyez pas que c’est facile ! Chaque réponse, chaque dialogue, auront une incidence sur le déroulement du jeu et surtout sur votre jauge de conscience qui apparaîtra après chaque choix.
Enfin, le téléphone de Vincent vous permettra aussi de sauvegarder votre progression, de consulter vos résultats sur les différents puzzles et de les rejouer si vous voulez améliorer votre score. Allez, il se fait tard, quittons le Stray Sheep.
Pas besoin de compter les moutons quand ils sont morts
Après chaque passage au Stray Sheep, Vincent rentre chez lui plus trop lucide et se « réveille » dans ses rêves, avec son plus beau caleçon pour seul vêtement, un oreiller à la main pour se défendre (au cas où) et des cornes de bélier.
Le but de ces phases cauchemardesques est de grimper au sommet d’une tour de cubes en les déplaçant pour vous frayer un chemin. Paraissant simple de prime abord, le concept se corse rapidement pour plusieurs raisons : il y a plusieurs cubes différents qui ont leur propre caractéristique. Le cube blanc, basique, se déplace sans problème. Le cube gris est plus lourd donc plus difficile à déplacer, le cube effrité s’écroule si vous passez une 2e fois dessus, si vous vous déplacez sur les cubes de glace, vous glisserez dans le vide s’il font toute la rangée et le cube en bronze est indéplaçable. Il en existe d’autres qui pimenteront votre aventure et que je vous laisse le soin de découvrir.
Ça c’est pour le jeu de base. Catherine Full Body étant une revisite du jeu original, une coquetterie a été ajouté pour ceux qui ont déjà fait le jeu (ou pour ceux qui veulent tout simplement jouer au jeu remixé) : des cubes assemblées comme des pièces de Tetris. Qui se déplacent donc solidairement, peu importe votre manière de les pousser ou de les tirer. Ce plus est une vraie bonne nouvelle feature, qui donnera l’impression aux joueurs de la première heure de faire un tout nouveau jeu. Bien joué !
Comme dans le jeu original, vous pourrez annuler vos derniers mouvements (jusqu’à sept) si vous vous retrouvez coincer, enfin ça, c’est si vous ne jouez pas en difficile. Rassurez-vous, il existe aussi un mode facile dans lequel vous ne pouvez pas vous rater, ce qui vous permettra de profiter au mieux de l’histoire, les puzzles devenant de plus en plus corsés (Full Body) au fil de l’aventure de Vincent.
Tout au long de votre avancée, vous pourrez ramasser des objets qui pourront faciliter votre ascension comme un cube blanc qui rajoute une plateforme de cubes 3×3, une clochette qui vous permet de transformer tous les cubes à proximité en cube blanc, basique, simple ou encore une boisson énergisante vous permettant de sauter deux cases vers le haut. Notez que vous ne pouvez porter qu’un objet à la fois et que le nouvel objet écrasera le précédent si vous ne l’avez pas utilisé avant.
Chaque puzzle a aussi un checkpoint pour pouvoir commencer à cet endroit si vous venez à mourir. Car oui, l’ascension se fera dans l’urgence vu que la tour s’écroule par le bas, inexorablement et qu’à partir d’un certain moment du jeu, des moutons (en fait d’autres « victimes ») vous mettront des bâtons dans les roues afin de survivre à ce cauchemar collectif.
Tous les puzzles ont un ou deux paliers qui vous permettront de souffler un peu. Dans cet espace, vous pourrez parler avec vos compagnons d’infortune, pour la plupart épouvanté et se lamentant sur leur sort, mais aussi discuter avec certains moutons toujours en groupe, qui vous apprendront des techniques afin de parfaire votre escalade. L’autre mouton particulier rencontré dans cette zone, le mouton marchand, vous échangera un objet (cube, clochette, etc) contre les pièces que vous aurez pu ramasser lors de votre ascension.
Vous avez repris votre souffle ? C’est parti pour une nouvelle phase de grimpette ! Mais d’abord, vous devrez passer dans l’ascenseur des confessions dans lequel on vous posera une question impactant votre jauge de conscience. Conseil : évitez cette phase lorsque votre compagnon (ou votre compagne) vous regarde jouer, sait-on jamais…
Enfin, le niveau se finira dans la plupart des cas sur une phase de boss. C’est-à-dire que tout au long de votre ascension, un boss, représentant les problèmes de Vincent, sera à votre poursuite. Rapide et pouvant vous tuer en un seul coup, ceux-ci auront parfois des pouvoirs pour compliquer votre fuite. Il y en a un qui inverse les commandes de la manette si vous êtes touchés par son attaque, un autre qui enverra des boules de glace vous faisant choir de votre position, etc.
À noter que si vous buvez beaucoup pendant la phase au Stray Sheep précédent le cauchemar (minimum 3 verres), vous serez plus rapide dans les phases d’ascension. Attention, l’abus d’alcool est danger… Oh ! Vous le savez hein !
Vers les cieux
Je n’ai pas testé le mode en ligne et de toute façon, je vous avoue que ce n’est pas le plus intéressant dans le jeu. Grimper c’est cool, mais enrober avec une histoire c’est mieux.
Par contre, il y a toujours le mode Babel, qui est sympa en solo mais encore plus drôle à 2, en local ou en ligne.Comme dans le jeu de base, il vous faudra grimper au plus haut de la Tour avec une différence notable : si vous faites une erreur, vous ne pourrez pas l’annuler. À charge pour vous donc de réfléchir encore plus avant de déplacer un cube. Il y a en tout quatre niveaux dans Babel, de plus en plus difficile, Altar, Menhir, Obelisk et Axis Mundi. Pour les débloquer il y aura certains pré-requis, de finir le premier chapitre (Altar) jusqu’à finir le scénario (Axis Mundi). Ils sont de plus en plus longs aussi et chaque niveau ajoutera un cube différent, histoire de corser l’addition. Bon courage.
Vincent Horror Tower Show
Pour ceux qui n’ont jamais joué à Catherine, l’ambiance risque d’être surprenante. On pense lancer un jeu un peu pervers à la vue de la jaquette et des visuels promotionnels. On pense arriver dans un jeu « tranche de vie » quand on passe notre temps au Stray Sheep. Pourtant, Catherine (Full Body) est un jeu à l’ambiance horrifique du plus bel effet. Je me rappelle avoir d’ailleurs fait des cauchemars lors de mes premières sessions en 2012.
Les décors des puzzles sont sombres et gothiques avec une ambiance sonore très angoissantes, entre les cris, les bruits des cloches, et autres sons joyeux. Je ne vous parle même pas des moutons que nous voyons tomber dans le vide à certains moments. Le PEGI 18 ici, n’est pas du luxe, tant le sang giclera à la moindre occasion dès une erreur fatale. Vous êtes prévenus.
Graphiquement, le jeu est toujours aussi beau. Je croyais à un « facile » remaster, mais ce n’était pas cohérent avec tous les ajouts dans l’histoire et l’arrivée de Rin dans le triangle amoureux de Vincent. Bingo ! Le jeu a été complètement refait sur PlayStation 4 (la seule version qu’on aura en occident il me semble, même si le jeu existe aussi sur Xbox One au Japon) avec le moteur de Persona 5. Pourquoi se priver quand on a des solutions excellentes en interne ?
Comme dit plus haut, le Studio 4°C est de retour pour les cut-scenes animées, qu’ils ont étoffé avec pas moins d’une dizaine de plus, mettant en scène le nouveau personnage, Rin, mais aussi des moments de la jeunesse de Vincent et Katherine. Toujours du bon boulot !
La bande-son est toujours aussi géniale et c’est toujours Shoji Meguro aux manettes (Persona 3, 4, 5, l’OST 3 de Bleach…) Il a d’ailleurs fait très fort en revisitant les thèmes qu’il avait déjà composés pour Catherine. On a toujours le même feeling, mais les nouvelles sonorités plairont sans doute aux fans de la première heure comme moi. On a droit à tout, comme souvent avec Meguro. Revisite de morceaux classiques (Beethoven, Mussorgsky, Bizet), morceaux jazzy, d’autres plus électro et même du hip hop. Le Japon ne manque pas de compositeurs de talent, si vous en doutiez. Bref, toute la partie sonore du jeu a le don de nous immerger complètement dans Catherine Full Body et on se surprendra même à fredonner inconsciemment les airs classiques qu’on a tous déjà entendu.
Enfin, contrairement à Persona 5, nous avons ici droit à un jeu complètement traduit en français (textes et sous-titres) et aux voix japonaises en plus des voix américaines. Dans mes souvenirs, nous n’avions accès qu’à ces dernières dans le Catherine de 2011. Petite douceur en plus, vous pourrez choisir la voix de Catherine dès le début du jeu et la changer tout au long de votre aventure, pour qu’elle colle à ce que vous attendez de la « voix parfaite », chacune ayant ses particularités, de la Yandere à la Tsundere (les amateurs d’animés apprécieront). Par contre vous ne pourrez faire votre choix que sur deux voix différentes, les autres, une dizaine en tout, ne sont disponibles qu’en DLC ou dans la version augmentée du jeu. Faut bien payer les seiyus !
Si le rage-quit est votre manière de vivre, changez de jeu
La prise en main est assez simple : pousser, tirer, grimper, descendre, fuir. Contrairement à ce que j’avais pu dire et constater il y a quelques années, un réel effort a été fait sur les déplacements qui sont nettement plus fluides, même quand la caméra change de position. Ce qui rend le jeu d’autant plus plaisant et un poil moins compliqué. C’est quand même rageant quand une gestion approximative de la caméra ajoute de la difficulté, ce qui était le cas dans Catherine 2011.
Constat assez drôle que j’ai pu faire, les déplacements de Vincent sont plus précis avec les touches directionnelles qu’avec le joystick. Étrange n’est-ce pas ?
Vous êtes toujours là ?
Catherine Full Body est toujours un jeu original et très plaisant et, Atlus a réussi la prouesse de ne pas se reposer sur ses lauriers en nous proposant plus qu’un simple remaster. Nouvelle bande-son, nouveau moteur 3D, nouvelles cut-scenes et même, nouveau scénario !
Car oui, l’ajout de Rin dans l’histoire de Vincent est loin d’être une coquetterie. Elle s’intègre parfaitement au trio Catherine/Katherine/Vincent et aura une importance certaine, aussi bien dans le scénario que dans les phases de puzzle. Je ne vous parle pas de ses fins qui viennent s’ajouter aux nombreuses fins du jeu de base, vous aurez peut-être la joie de les découvrir par vous-même (ou via YouTube).
Les personnages rencontrés sont toujours aussi attachants, graphiquement, le jeu est irréprochable (oui oui) et un effort a même été fait sur le gameplay. Atlus a réussi un joli remaster, que je pourrais comparer à la refonte qu’on a eu de Resident Evil 2 cette année, un véritable coup de maître pour un jeu qui le méritait. C’est l’expérience ultime de Catherine, corsée, mais ultime.
Si la difficulté ne vous fait pas peur et que vous êtes adeptes des simulations de vies et des casses-têtes, vous savez ce qui vous reste à faire le 3 septembre prochain.
Les Plus :
– Rin et le nouveau scénario qui en découle
– les phases de détente et de discussion au Stray Sheep
– la galerie de personnages
– les puzzles de plus en plus corsés
– la musique
Les Moins :
– Rater un PNJ peut se payer cash
– Certains blablas ne sont pas sous-titrés, pas trop grave avec les voix anglaises… Par contre si on ne parle pas le japonais…
Jouabilité ★★★★☆ : Le jeu se prend facilement en main et le problème de caméra ayant été réglé par rapport à Catherine 2011 permet une expérience maîtrisée.
Réalisation ★★★★★ : La direction artistique horrifique est à tomber. Le moteur de Persona 5 est un bijou pour ce genre de jeu et l’animation du Studio 4°C fait son petit effet. Tout simplement parfait.
Musique et son ★★★★★ : Avec Shoji Meguro aux commandes, difficile de mettre une autre appréciation. Ses compositions font mouche à tous les moments du jeu, et les recompositions de thèmes classiques connus de tous lors des phases d’ascension sont un véritable plaisir pour nos oreilles. L’ambiance sonore est horrifique comme il faut. Jouez avec un casque !
Difficulté ★★★★★ : Si vous en jouez en Normal et au-dessus, vous allez en baver, le jeu devenant de plus en plus exigeant à mesure que l’on avance dans l’aventure. Heureusement, il y a un mode « sans faute » qui vous permettra de profiter du jeu confortablement.
Durée de vie ★★★☆☆ : Comptez une dizaine d’heures pour boucler le jeu si vous êtes bons ou si vous jouez en « sans faute ». Par contre si vous voulez voir toutes les fins, comptez une dizaine de plus, minimum.
Cet avis a été écrit grâce à une version dématérialisée fournie par Koch Media. Merci infiniment Cassandra.
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