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[Avis] Ape Out

Pour mon premier article chez Game Inferno, je vous propose de plonger dans Ape Out. C’est le jeu de trois hommes qui propose un concept simple mais avec du challenge et pas mal de subtilité. Ajoutons à cela une direction artistique qui marque la rétine et nous obtenons un jeu qui séduit votre serviteur.

Big Flow et on fuit

Ce qui est bien avec des jeux de la trempe d’Ape Out c’est qu’on ne se dissipe pas trop. D’abord parce que, hormis l’objectif principal, il n’y a rien d’autre à y faire et ensuite pour l’atteindre vous aurez besoin de solliciter votre cerveau au maximum.

Ici, il vous faudra fuir en incarnant un gorille qui se sent un peu à l’étroit dans sa cage et n’apprécie que trop peu le personnel qui s’occupe de lui. Bien évidemment, rien ne sera simple puisque vos geôliers seront armés * de plus en plus lourdement au fil de votre épopée. Pour réussir à vous émanciper de votre condition de primate captif, il vous faudra courir et, si l’envie vous en dit, ou si vous n’avez pas le choix, éparpiller par petits bouts, façon puzzle, quiconque sera sur votre route.

Quand on prend en main Ape Out, on a tendance à penser que c’est du déjà vu. Une vue du dessus, une bande-son originale, la théorie du flow, une patte artistique singulière et du sang qui tache partout. Bon ok, je viens aussi de vous décrire Hotline Miami 1 et 2 mais les similitudes s’arrêtent juste sur ces éléments communs.

À l’inverse des jeux à succès de Devolver Digital, Ape Out ne sent pas le règlement de compte. Ici, il faut utiliser le scrolling horizontal (et parfois vertical) afin d’atteindre dans l’urgence le tableau suivant, sous peine de devoir recommencer. Le level design est pensé pour différer à chaque nouvel essai, là où dans Hotline Miami, il était demandé de mémoriser les emplacements des ennemis et la composition des lieux.

Arrêtons le jeu des 7 différences et concentrons-nous sur notre jeu du jour. Chaque niveau propose un vrai travail de perspectives, de nuances de couleurs permettant de repérer des zones de répit, d’intersections douteuses et surtout de rencontres désagréables. À chaque tentative, il faudra donc se concentrer sur le meilleur chemin à suivre mais aussi sur vos adversaires.

Faut reconnaître, c’est du brutal

Ces derniers ne se géreront pas tous de la même manière. Du simple garde qui ne demande rien à personne au soldat avec son fusil à pompe en passant par le lance-flammes et le tireur d’élite, il ne sera pas toujours simple de se tirer d’affaires dans ces dédales de couloirs. Heureusement, il sera possible de foncer dans le tas, si vous êtes à bonne distance, ou de prendre en otage votre assaillant pour vous protéger puis l’envoyer sur ses comparses.

Par moment, vous tomberez sur des portes blindées que vous arracherez et que vous pourrez conserver afin de vous en servir comme bélier sur les ennemis. Petite subtilité sympathique, après avoir procédé à un démembrement, vous pourrez utiliser un bras ou des jambes pour assommer vos adversaires et enquiller sur une petite correction sanglante. Un peu de gratuité que diable.

À l’inverse, pour fuir, il faudra forcément esquiver quelques tirs en zigzaguant, en se planquant derrière un angle ou en rasant les murs. L’envie de se mouvoir tapi dans l’ombre sera un défi complexe. Certains passages se feront dans le noir avec un contexte de coupure de courant. Il faudra alors esquiver les patrouilles équipées de lampes torches, symbolisées ici par des cônes de vision.

Niveau difficulté, il y a plusieurs chose à signaler. Le jeu est assez punitif en ce qui concerne vos choix de parcours, d’agression ou non et vos erreurs de direction. Un tout petit pas sur la gauche ou vers le haut vous fera éviter une balle, mais pourra aussi vous faire encaisser une balle perdue. À chaque fois que vous serez touché, votre sang laissera une traînée au sol et au bout de trois fois, il faudra accepter d’avoir échoué et recommencer. Les ennemis font souvent honneur aux clichés sur l’IA dans les jeux vidéo en vous suivant par rapport à votre dernière rencontre, ce qui vous permettra par exemple, de faire le tour d’un pilier et de vous retrouver derrière eux pour en finir.

Aussi, en les saisissant comme bouclier, ils délivreront systématiquement une petite volée de balles. Pratique puisque vous n’aurez plus qu’à orienter votre éphémère collègue sur vos ennemis. Plus loin dans le jeu, lorsque vous traverserez des zones enflammées, il vous sera possible de vous transformer en torche et de faire fuir vos assaillants. Le level design au service du gameplay, c’est tout ce qu’on aime.

La génération aléatoire des niveaux à chaque nouvel essai vous rendra parfois chanceux avec un presque tout droit vers la sortie. Cependant, l’échec est directement annoncé lorsque le même niveau se révèle plus ouvert avec peu de cachettes et beaucoup d’ennemis.

Au fil de votre aventure, la difficulté montera crescendo avec des règles de jeu qui influenceront le gameplay et votre imagination. Une réussite sera donc dû à votre gestion du niveau mais aussi à un peu de chance. Enfin, en moins de 3-4h vous aurez fait le tour du propriétaire. Si le cœur vous en dit, vous aurez la possibilité de rejouer avec une difficulté augmentée et un mode time attack. Malgré cela, l’expérience vaut le coup.

On n’est pas là pour beurrer les sandwichs

Ape Out est une expérience vidéoludique violente, prenante et musicale. Violente par la force de votre avatar qui rapprochera la tête de vos ennemis de leurs fondements et qui sera montrée de manière significative avec des petits bouts d’eux partout et du sang bien étalé. Graphiquement, le jeu est incroyable et semble puiser dans des influences artistiques assez nombreuses (on parle beaucoup de Saul Bass par exemple) mais transpire surtout le fait maison. Enfin, les lumières, les jeux d’ombres, les environnements et les couleurs renforcent le caractère “Urgent” de cette fuite en avant.

La théorie du flow revient ici avec une concentration importante, à laquelle on ajoute une rage d’échouer à quelques mètres du checkpoint. On refuse l’échec, on retente, on se frustre car le niveau est d’un coup plus facile alors qu’on en est à la huitième tentative. Les temps de chargement sont si faibles et si peu présents qu’on ne relâche presque jamais l’attention, on scrute le titre du nouveau tableau qui nous donnera*un indice sur ce qui nous attend et on y va.

Ici, pas de disque qui déraille pour sortir de notre transe, pas de soundtrack sauce Perturbator et synth wave qui met en condition mais le sound design est aussi important, si ce n’est plus. Il est même tellement important qu’il est une des principales raisons de jouer à Ape Out.

Les quatre mondes explorés sont présentés sous forme de pochettes d’album avec à chaque fois une face A et une face B. Ensuite, la musique se veut et est interactive, s’adapte à vos actions et déplacements. Ce sont vos rencontres avec les ennemis qui vont influencer une bande son free jazz. Deux jambes arrachées et hop un petit coup de trompette, une cymbale retentit quand l’un d’eux s’étale contre un mur… Vous voilà à la baguette de l’OST de votre fuite.

Ape Out aurait pu être une démo, une note d’intention, tant il est court pour un prix dépassant la dizaine d’euros. Seulement, il possède des arguments qui font que mettre la main à la poche pour ce jeu est une chouette idée. L’expérience est brève mais il faut absolument y découvrir une touche artistique saisissante, une brutalité gratuite mais jouissive et aussi dans son final, un sous texte que l’on trouve souvent dans ce genre d’expérience. Les studios indés sont les garants d’un jeu vidéo encore couillu en 2019.

Ape Out est disponible sur PC et Nintendo Switch
Testé à partir d’une version commerciale sur Steam (Clavier souris et pad Xbox One)
Prix : 14€99
Développeur : Gabe Cuzillo
Editeur : Devolver Digital
Direction artistique : Gabe Cuzillo / Bennett Foddy
Musique : Matt Boch
Moteur du jeu : Unity
Genre : Beat Em All / Solo
Sorti le 28/02/2019

PS: Voici une petite playlist Spotify que j’ai trouvé et que je vous partage avec plaisir. Histoire de découvrir le free jazz et de vous mettre dans une bonne ambiance. Suivez donc ce lien.

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